« Chère maman , je voudrais
acheter une maison ! »
Le repas était terminé, les invités
repartis et le fils avait aidé sa mère a débarrasser la table.
Elle faisait chauffer de l'eau pour entamer la vaisselle.
« Pourquoi ça ? »
L'eau commençait à frémir, elle la
sortit du feu.
« Pour m'installer avec ma femme,
maman. J'arrête ma carrière dans l'armée et je reprends l'usine de
papa. »
Sa mère détourna le regard pour
commencer la vaisselle, puis :
« Ah Scott, je devais te dire :
ton père est mort .
- quel choc ! répondit le
fils d'une voie égale ; seuls ses deux sourcils qui montèrent
très haut d'un seul coup sur son front trahirent une émotion.
Sa mère
continua sur un ton quotidien :
« il avait des dettes ! L'usine
est en faillite. Mauvaise gestion de sa part. Il devenait gâteux sur
la fin.»
Se saisissant d'un carré de tissu
propre, Scott se mit en devoir d'aider sa mère en essuyant les
assiettes que celle-ci avait savonné. Elle lui fit signe de se
trouver une autre occupation, mais Scott avait la tête dure et il
persista dans son action , essuyant et rangeant les asiettes au
fur et a mesure qu'elle les lavait. Ils ne dirent plus un mot jusqu'à
ce que la première pile d'assiette fut terminée. Scott s'en saisit
alors et passa dans la salle à manger, jusqu'au buffet où il
commença à les ranger une par une.
Il reprit la conversation,
parlant d'une voix forte pour être entendu par sa mère qui était
encore dans la cuisine :
« Voilà qui contrecarre
sérieusement mes plans d'avenir. D'un autre côté, ce n'est pas
plus mal, j'avais peur de m'ennuyer. J'avais tout écrit avec
Brigitte – tu ne la connais pas encore maman, c'est ma femme depuis
hier- et c'était une très belle histoire – pour te dire maman,
nous aurions eu une maison a la campagne, trois chiens, un atelier
d'artistes et quatre enfants, deux filles et deux garçons- mais si
la veille j'en étais enchanté, déjà le jour du mariage je me suis
réveillé avec l'idée que je n'avais pas envie de suivre un
scénario toute ma vie.»